Brigitte Liso, députée du Nord et présidente du groupe d’études VIH et Sida de l’Assemblée nationale, s’est rendue dans les locaux de SIS Association à Montreuil le 18 octobre 2023. A l’issue de cette visite, elle a accepté de répondre à quelques questions sur ses impressions et sur les projets du groupe d’études.
Quelle représentation aviez-vous de SIS avant votre venue dans nos locaux ?
Sida Info Service mène un travail d’information et d’accompagnement essentiel depuis plusieurs années. Je connaissais naturellement vos actions et y était sensible, mais il me semblait que le dispositif était principalement centré sur la prévention et l’écoute concernant le SIDA. Notre visite dans les locaux de Sida Info Service a permis d’élargir ma vision à l’ensemble des activités que mènent les équipes au quotidien.
Forte de ce constat, il me semble d’intérêt public de mieux faire connaître les missions de Sida Info Service, en diffusant et communiquant sur l’expertise des équipes sur les sujets relevant de la santé sexuelle, de l’égalité de genre et des questionnements intimes. De plus, il semble important de rappeler que chacun est entendu dans un climat de confiance et de totale discrétion, ce qui est très précieux.
Je rappelle également qu’en informant tous les publics sur les outils de prévention et les risques de transmission de maladies sexuellement transmissibles, Sida Info Service est un acteur incontournable pour atteindre l’objectif d’une « France Sans Sida en 2030 ».
Quel est votre sentiment après avoir fait de la double-écoute ?
Tout d’abord, je remercie les écoutants et écoutantes pour leur temps passé à nos côtés, dans le cadre de cette immersion.
Cette double écoute m’a permis de mesurer tout ce que représente l’écoute pour les personnes isolées et/ou en détresse. Une telle expérience reste dans nos mémoires et dit bien plus que de longs discours sur ce que propose Sida Info Service.
Au-delà de leur expertise reconnue, je salue les équipes qui permettent de créer du lien social afin de ne jamais laisser personne sur le chemin sans réponse.
Comment le groupe d’études VIH et Sida de l’Assemblée nationale que vous présidez pourrait aider à renforcer les actions de SIS et plus globalement la lutte contre le VIH/Sida en France ?
En présidant ce groupe d’études sur le SIDA/VIH à l’Assemblée nationale, j’ai souhaité immédiatement donner la portée le plus large possible à notre mission de sensibilisation. Nous sommes entièrement mobilisés pour informer les députés, les décideurs, et nos concitoyens sur les risques que représentent encore le VIH aujourd’hui.
Notre rôle au sein de ce groupe d’études est simple : rappeler constamment les outils à disposition en matière de prévention combinée, dire que le dépistage est gratuit et accessible pour tous, inciter les structures de soutien à pratiquer le « Aller Vers », et mener ce travail de plaidoyer auprès du gouvernement.
Les auditions et les visites de terrain nous permettent d’apporter un soutien total aux associations. Je souhaite qu’elles puissent régulièrement, et dès qu’elles le souhaitent, nous tenir informés des besoins et des freins qu’elles rencontrent dans la poursuite de leurs missions. Nous sommes aussi, à l’Assemblée, leur relais et restons à leur disposition.
Quels sont les principaux chantiers que le groupe d’études VIH et Sida va ouvrir au cours des prochains mois ?
Le groupe d’études prévoit de poursuivre ses rencontres, afin de recevoir des interlocuteurs investis sur le VIH. Nous aborderons bientôt par exemple l’état de l’épidémie de VIH à l’échelle internationale afin de mettre en lumière les dernières conclusions du rapport du Fonds mondial sur les disparités d’accès aux traitements préventifs et au soin.
Par ailleurs, nous souhaitons collectivement travailler sur des pistes d’amélioration qui nous ont été remontées lors de précédentes auditions.
D’abord, nous visons à améliorer auprès du grand public la connaissance des associations et structures d’accueil dans chaque territoire, notamment les CEGIDD et autres centres de santé sexuelle et/ou communautaire. Je pense notamment à des formats innovants de prise en charge complète (accueil / écoute / accompagnement / dépistage). Ils sont accessibles à tous, avec ou sans rendez-vous, et nous en parlons encore trop peu.
Pour toucher tous les publics, et en particulier les plus éloignés ou les plus concernés, le volet communication est également primordial.
A ce sujet, rappelons un chiffre édifiant : 29% des personnes séropositives sont dépistées tardivement, à un stade avancé de la maladie. Cet état de fait entraîne des pertes de chance en matière de soin qui s’avèrent dommageables pour toute la société. Pourtant, grâce à une bonne prise en charge médicale et un traitement adapté, la charge virale des personnes séropositives est indétectable.
Les dispositions votées ces dernières années pour faciliter le dépistage gratuit pour tous (et sans ordonnance pour les moins de 26 ans) vont dans le bon sens et sont un atout précieux pour atteindre le « 0 contamination en 2030 ». Parlons-en davantage !
Au plan local, il sera également pertinent de travailler avec les Agences régionales de santé pour identifier des méthodes nouvelles d’« Aller Vers » les publics « clé » : travailleurs du sexe, personnes migrantes, et autres personnes plus isolées. Notre mobilisation doit être collective, et passera également par une implication des territoires. En tant que vice-présidente de l’association « Elus Locaux Contre le Sida », je travaille en étroite collaboration avec Jean-Luc Romero afin de labelliser « Sans Sida » les villes et régions qui le souhaitent.
Enfin, la lutte contre la sérophobie, encore bien trop prégnante dans notre pays, est un sujet qui me tient particulièrement à cœur. Je me battrai toujours contre la peur et les discriminations à l’égard de personnes séropositives. La haine à leur égard se cumule, souvent et malheureusement, avec une discrimination anti-LGBT. Cette mobilisation doit se traduire dans tous les secteurs. Dans la santé, nous pouvons faire mieux et former davantage les personnels qui accompagnent les personnes séropositives à tous les âges de la vie. Je pense par exemple aux soignants dans les EHPAD, les hôpitaux et les cabinets médicaux.
J’ai bel espoir que notre dynamique initiée par ce groupe d’études trace le chemin d’une mobilisation plus large dans le pays, et que nous puissions éradiquer cette épidémie.