TasP (Treatment as Prevention) ou traitement antirétroviral comme prévention, signifie qu’une personne séropositive pour le VIH qui a une charge virale indétectable depuis 6 mois sous traitement efficace et qui est observante de son traitement et du suivi médical ne transmet plus le virus.
Comment cela est-il possible ? Après une contamination par le VIH, le virus se multiplie, la quantité de virus dans le sang (charge virale) augmente et peut atteindre des valeurs très élevées.
Le traitement antirétroviral bloque le virus et l’empêche de se multiplier. La charge virale baisse alors progressivement en 1 à 6 mois pour atteindre une valeur en dessous du seuil détecté en laboratoire, soit 50 copies par millilitre de sang. On dit alors que la charge virale est indétectable. Elle est trop basse pour pouvoir contaminer d’autres personnes en cas d’exposition.
Les traitements ARV qui avaient pour objectif initial de traiter et améliorer l’espérance et la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH deviennent un moyen de prévention très efficace.
VIH + Traitement efficace = 0 transmission
Indétectable =Intransmissible
En 2008, un médecin suisse, Bernard Hirschel, responsable de l’Unité VIH-Sida des hôpitaux universitaires des Genève, déclare que les personnes séropositives traitées ayant une charge virale indétectable ne peuvent plus transmettre le virus VIH, en l'absence d'autres infections sexuellement transmissibles. Cette notion concernait uniquement les couples hétérosexuels.
Cette annonce a d’abord été reçue avec scepticisme, voire virulence par plusieurs acteurs de la lutte contre le VIH et a été source de nombreuses polémiques.
En 2009, le rapport Lert-Pialloux souligne que "ce concept du rôle préventif des traitements antirétroviraux, « Treatment as Prevention » (« TasP »), se dégage d’une façon très nette des études disponibles et est suffisamment fort pour constituer dès maintenant une information utile pour les personnes séroconcernées".
En 2011, l’étude HPTN 052 démontre, chez des couples sérodifférents majoritairement hétérosexuels, une réduction de la transmission du VIH de 96% lorsque la personne séropositive est sous traitement antirétroviral.
Les études Partner 1 (2014) auprès des couples principalement hétérosexuels et sérodifférents, et Partner 2 (2018), auprès des hommes ayant des relations sexuelles entre hommes (HSH), confirment un taux de transmission du VIH égal à zéro avec la prise d’ARV, en l’absence de tout autre moyen de prévention (préservatif, PrEP, TPE).
Les traitements antirétroviraux (ARV) avaient pour objectif initial de traiter et d'améliorer l’espérance de vie ainsi que la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH.
En éliminant les risques de transmission lorsque les personnes séropositives sont sous traitement et ont une charge virale indétectable depuis au moins six mois, les ARV deviennent aussi un moyen de prévention efficace. Ils complètent ainsi l’offre de prévention déjà existante avec les outils de réduction des risques que sont le préservatif, le TPE, le dépistage et la PrEP.
INDETECTABLE = INTRANSMISSIBLE
La formule I=I (Indétectable =Intransmissible) est validée scientifiquement pour tous et pour toutes, qu'il s'agisse de relations sexuelles entre hommes ou entre hommes et femmes.
L'un des enjeux actuels de la lutte contre le VIH s’avère être le dépistage régulier du VIH et des autres IST, surtout au sein des populations où le nombre de personnes contaminées est élevé : hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HsH), travailleuses et travailleurs du sexe (TDS), populations migrantes.
La mise sous traitement antirétroviral précoce permet une meilleure réponse immunitaire pour la personne concernée, lui assurant une meilleure qualité de vie sur le long terme. Elle représente également au niveau individuel et collectif un des moyens de prévention les plus efficaces.
Plusieurs études et modélisations affirment que si toutes les personnes séropositives étaient dépistées et traitées, on assisterait à la fin de la transmission du VIH d’ici 2050.
Quelle que soit l’orientation sexuelle : hétérosexuelle, homosexuelle ou bisexuelle ou quel que soit le statut sérologique : séropositif ou séronégatif, le TasP s’adresse à toutes et tous et devrait être connu universellement !
Les couples sérodifférents (un-e partenaire séropositif-ve pour le VIH et l’autre séronégatif-ve) et les couples où tous les deux sont infectés par le VIH peuvent, grâce au TaSP, avoir un enfant de manière naturelle sans passer par la procréation médicalement assistée (PMA ou AMP).
En effet l’absence de transmission du VIH au sein de couples hétérosexuels, ayant des rapports sexuels sans préservatif, est établie lorsque la charge virale est indétectable (moins de 50 copies/ml) sous traitement, de manière stable depuis 6 mois avec une bonne observance au traitement et un suivi médical régulier.
La PMA était le seul moyen pour les couples sérodifférents et les couples tous deux infectés par le VIH d’avoir un enfant. Elle reste actuellement indiquée en cas d'infertilité, comme pour les couples non concernés par le VIH.
I=I (Indétectable = Intransmissible) signifie que la personne a une charge virale indétectable sous traitement et ne transmet plus le VIH. Mais cela veut-il dire qu'elle est guérie ?
Non : l’indétectabilité de la charge virale ne signifie pas guérison. La sérologie VIH sera toujours positive et la personne qui vit avec le VIH (PVVIH) a besoin de continuer à prendre régulièrement son traitement et à respecter le suivi médical.
En cas d’arrêt de la prise de médicament la charge virale remonte et la personne risque à nouveau de transmettre le virus.
Les traitements contre le VIH ne protègent pas des autres infections sexuellement transmissibles.Le risque d’être contaminé par une IST est toujours présent, notamment avec des partenaires occasionnels.
Le préservatif reste LE moyen de prévention ainsi que les vaccinations contre l’hépatite A, l’hépatite B et le HPV.
Un dépistage régulier des IST est recommandé.
Notre article Le TasP vu par les couples sérodifférents – Que font les autres couples ? (Analyse des appels sur le TasP reçus sur le dispositif Sida Info Service).
Ecouter le podcast sur le TasP