Ganymède : étude sur les HSH nés à l’étranger face au VIH

L’étude GANYMEDE permet de mieux connaître la dynamique de l’épidémie à VIH chez les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH) immigrés en France. Cette étude dont le principal investigateur est le docteur Romain Palich de l’AP-HP, hôpital Pitié-Salpêtrière à Paris, a été publiée dans EUROSURVEILLANCE.

Menée dans 14 hôpitaux de Paris et de sa proche banlieue, l’étude GANYMÈDE a permis de recruter 1159 hommes vivant en France depuis 15 ans. Ils connaissaient leur diagnostic depuis 8,9 ans et étaient suivis pour leur infection VIH depuis 5,9 ans. Les zones de naissance sont par ordre décroissant l’Amérique du Sud, l’Europe, l’Afrique du Nord, l’Afrique subsaharienne presque à égalité avec l’Asie-Océanie.

Sur les 1159 hommes participant à l’étude, 165 (14,2%) sont des hommes arrivés enfants et qui ont été infectés par le VIH alors qu’ils étaient en France. 550 arrivés après 15 ans ont été infectés en France (47,5%). 444 sont arrivés comme adultes et étaient séropositifs avant leur arrivée (38,3%). Il ressort que 61,7% du total ont acquis le VIH en France.
Pour les hommes arrivés en France après 15 ans, 13,1% d’entre eux ont été infectés la première année suivant leur arrivée, une proportion qui monte à 25% pour les hommes nés en Afrique subsaharienne.

Raisons de l’immigration

Pour les hommes arrivés après 15 ans, l’étude GANYMEDE a démontré une diversité des circonstances de l’immigration. Mais pour 35% de ces hommes, il s’agit de l’orientation sexuelle. Près d’un quart (24,5%) étaient sans papiers ou en demande d’asile à leur arrivée.

Pour 6 hommes sur 10, la première année est marquée par des ressources financières insuffisantes. 90% de ces hommes sont sexuellement actifs, dont 19% avec un seul partenaire, 17,9% avec plus de 10 partenaires. Un peu plus de la moitié utilise systématiquement le préservatif.

Risque accru d’infection la 1ère année

Certains facteurs peuvent augmenter le risque d’infection par le VIH lors de la première année de présence en France. Il s’agit de l’âge, le sentiment d’avoir été forcé à émigrer, de venir d’un pays d’Afrique subsaharienne ou d’Asie-Océanie, l’émigration en raison de l’orientation sexuelle (facteur élevé), les difficultés socio-économiques. Avoir plus de 1 partenaires par an augmente aussi fortement le risque. En revanche, les rencontres sexuelles dans les saunas ou sex-clubs ou par l’utilisation des applications ne sont pas associées à ce risque.

Une prévention spécifique

L’étude souligne combien l’entrée sur une nouvelle scène sexuelle dans un nouveau pays augmente l’exposition au VIH, en particulier pour ceux qui arrivent de pays où l’homosexualité est réprimée, voire lourdement pénalisée. Pour réduire les risques d’infection par le VIH chez les HSH immigrés en France, l’étude préconise donc de simplifier ou faciliter l’accès rapide à la PrEP , cette prophylaxie pré exposition qui consiste à prendre un médicament antirétroviral de manière continue ou discontinue pour éviter d'être contaminé.

Des actions communautaires sont à privilégier afin de prendre en compte la diversité des origines et des parcours migratoires, les différentes langues de communication (la moitié ne parle pas français à l’arrivée), les moments de fragilité à l’arrivée plus marqués pour certains que pour d’autres ou pour faciliter l’accès aux soins des hommes qui se savent séropositifs sans traitement ou qui ont interrompu leur traitement.

Source : Etude GANYMEDE (en anglais)