Docteur Radia Djebbar, vous êtes coordinatrice médicale à Sida Info Service et vous vous occupez également du dispositif téléphonique et Internet VIH Info Soignants. Pour quelle raison ce dispositif a-t-il été lancé en 1997 alors que Sida Info Service avait été créé 7 ans plus tôt ?
VIH Info Soignants a été créé en 1997 pour répondre à un besoin de l’époque. Les médecins notamment les internes des urgences où arrivaient les patients infectés par le VIH souvent à un stade avancé de la maladie étaient démunis face à cette nouvelle épidémie dont on connaissait peu de choses. Les professionnels de la santé de VIH Info Soignants qui étaient expérimentés dans la prise en charge du VIH répondaient alors à leurs questions et les aidaient dans la prise en charge des patients.
La situation a beaucoup évolué au fil du temps. Est-ce qu’en 2022, les soignants sont toujours la cible prioritaire du dispositif ?
Les soignants restent toujours la cible prioritaire de ce dispositif mais le profil des soignants qui nous sollicitent a changé. Actuellement il s’agit surtout de médecins de ville, biologistes, pharmaciens, dentistes, infirmières, assistantes dentaires de même que les thématiques sur lesquelles nous sommes interrogés ont évolué.
Quelle est la teneur principale des appels aujourd’hui ?
Les appels concernent le VIH mais également les hépatites et les autres IST. Avant de parler du type de questions abordées, je voudrais dire que le dispositif, en plus des professionnels de la santé, s’adresse aussi aux personnes infectées par ces pathologies et à leurs proches. En effet la complexité des traitements, le vieillissement des personnes vivant avec le VIH qui présentent des comorbidités parfois importantes... tout ceci interroge beaucoup sur les interactions médicamenteuses et la prise en charge des comorbidités. Les PVVIH (personnes vivant avec le VIH) appellent aussi quand l’infectiologue prescrit le premier traitement, propose un changement de traitement que le patient ne comprend pas ou quand est proposée une inclusion dans un essai clinique. Ils nous appellent pour avoir notre avis. VIH Info Soignants est aussi contacté pour la gestion de ce que les PVVIH suspectent comme étant un effet secondaire de leur traitement ou parce qu’ils ont peur d’une interaction avec un traitement prescrit par leur médecin traitant à qui, dans la majorité des cas, ils cachent leur séropositivité VIH.
En ce qui concerne les médecins et les biologistes, ils nous appellent pour une aide à l’annonce de la séropositivité ou pour savoir comment et où orienter les personnes qui découvrent leur séropositivité. Ils nous contactent aussi pour gérer un AES, un accident d’exposition au sang, ce qui arrive fréquemment chez les dentistes, les assistantes dentaires, les infirmières. Ces professionnels de santé ne savent absolument pas quelle conduite tenir. Ils nous appellent donc pour que nous leur expliquions ce qu’il faut faire.
Est-ce que VIH Info Soignants répond aussi aux nouvelles problématiques comme le COVID ou le Monkeypox ?
Tout à fait. Ces thématiques sont abordées par les professionnels de santé qui répondent sur VIH Info Soignants. Ils peuvent répondre en première ligne quand les appels sont très nombreux, il s’agit dans ce cas d’aider les écoutants du numéro vert mais dans la majorité des cas, ils répondent le plus souvent aux questions un peu complexes auxquelles les écoutants du numéro vert ne peuvent pas répondre.
Qui sont les écoutants de VIH Info Soignants ? Quelle est leur formation ?
Les écoutants sont des professionnels de la santé qui ont une expérience dans la prise en charge du VIH, des hépatites et des IST. Ce sont des médecins qui travaillent ou qui ont travaillé longtemps dans des services dédiés à ces pathologies.
Propos recueillis par Alain Miguet
