SIS Guyane : 7 idiomes pour la santé sexuelle

En février 2022, Sida Info Service a ouvert un dispositif d’écoute et d’information sur le VIH, les IST et la santé sexuelle en Guyane. Emmanuelle Bihan, vous êtes la coordinatrice de ce dispositif. Pouvez-vous nous dire tout d’abord ce que représente aujourd’hui l’infection à VIH dans ce territoire ?

La Guyane est toujours le premier territoire français touché par l’infection à VIH. Il est touché bien plus que l’Ile-de-France. La file active représente à peu près à 4000 personnes avec des découvertes de séropositivité régulières. Il est donc vraiment important d’avoir créé ce dispositif en Guyane.

Le VIH est une pathologie fréquente sur le territoire mais est-ce le premier thème des appels que vous recevez sur la plateforme d’écoute ? 

On a créé une plateforme d’appels qui puisse répondre à toutes les questions sur la santé sexuelle, le VIH bien sûr mais pas que : les IST ou encore la contraception parce qu’en Guyane beaucoup de grossesses concernent les jeunes adolescentes. On est donc multithématique et on s’adresse à tout le monde.

 Existe-t-il des thématiques un peu différentes de celles évoquées en métropole, des spécificités de territoire ?

C’est vrai que les grossesses des mineures sont un peu plus importantes. Cependant je ne parlerai pas de thématiques différentes, plutôt de thématiques plus présentes. On a plus d’infections à IST, plus d’infections à VIH, on a aussi une population touchée par beaucoup plus de précarité, donc les questions de protection sont importantes. Par exemple la PrEP n’est pas encore très connue en Guyane. Il y a quelques défis à relever mais en soi il n’y a pas de thématiques qui sortent du lot, qui soient vraiment différentes de celles évoquées en métropole.

Au-delà des thématiques j’imagine que la variété de populations en terme culturel, en termes de langues, complique un petit peu les choses ?

Oui et non. Non parce que notre équipe est multiculturelle et multilingue, ce qui nous permet de répondre en sept langues différentes dont le français. Ce sont les langues les plus usitées en Guyane, donc notre offre correspond bien au type d’appels qu’on peut avoir.

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Quelles sont les langues les plus parlées en Guyane ?

Les langues les plus parlées sont le créole haïtien, le créole guyanais, l’espagnol, le portugais, l’anglais - un anglais un peu créolisé plutôt du Guyana. Certaines langues dépendent aussi de la géographie comme le sranantongo, une langue très parlée dans l’ouest de la Guyane, une langue partagée avec le Surinam, pays voisin de la Guyane.

En plus de la plateforme téléphonique et Internet, vous menez un certain nombre d’actions de terrain. En quoi consistent-elles ?
Ces actions sont en cours de développement, le but étant d’aller sur le terrain pour faire connaître d’abord le numéro. Dans un second temps – une formation est en cours – nous ferons du dépistage rapide. L’idée est vraiment de faire de « l’aller vers » puisque la population est assez parsemée sur le territoire de la Guyane. Nous souhaitons pouvoir toucher tout le monde avec cette double casquette : « aide à distance » et « aller vers ».

Le terrain permet-il parfois d’avoir des demandes très différentes de ce que vous entendez au téléphone ?

Non par forcément. Bien sûr les demandes sont peut-être plus spontanées quand on va vers les gens mais les demandes sont globalement similaires au téléphone ou en vrai.

Rappelez-nous comment on peut joindre le dispositif ?

C’est le 0 594 24 10 10. Actuellement les écoutants répondent le lundi, mercredi et vendredi mais à partir de décembre, le dispositif sera joignable du lundi au samedi sur des horaires variés. Toutes les informations sont disponibles sur Instagram car vous pouvez aussi nous contacter sur notre compte SIS_Guyane.

Il y a aussi la particularité de WhatsApp...

C’est une adaptation qu’on a voulu faire par rapport au territoire parce que certaines zones ne sont pas forcément bien reliées au réseau téléphonique. Le fait d’avoir WhatsApp, largement utilisé par le plus grand nombre en Guyane, nous permet d’avoir un accès facilité avec tout le monde, jeunes et moins jeunes. L’accès est permanent avec des réponses en vocal. Ainsi les personnes qui ne savent pas forcément écrire peuvent nous envoyer leurs vocaux.

Propos recueillis par Alain Miguet