Maladie vénérienne emblématique, la syphilis, ou « vérole », est une infection bactérienne (Treponema Pallidum ou tréponème pâle) très ancienne, responsable de lésions de la peau et des muqueuses pouvant toucher de nombreux organes.
Ramenée d’Amérique du Sud par l’équipage de Christophe Colomb, la vérole se répand en Europe à l’occasion du siège de Naples par Charles VIII (1494).
Il ne faut pas confondre avec la "petite vérole" qui désignait la variole.
La transmission de la syphilis peut se faire par :
- Contact direct avec une muqueuse ou des lésions cutanées, le tréponème ne survivant pas à l’air libre,
- Rapports sexuels non protégés : pénétration vaginale, pénétration anale, rapports bouche-sexe,
- Risque de transmission élevé de l’ordre de 30% sur un seul rapport. Le risque est maximal pendant la 1ère année (période précoce), les tréponèmes étant présents d’abord sur le chancre, puis à la surface des lésions de la peau et surtout des muqueuses.
La transmission peut avoir lieu :
- Au cours de la syphilis primaire : chancre, ulcération isolée ou plaie syphilitique, ou simple contact muqueux,
- Au moment des éruptions de la syphilis secondaire : lésions cutanées et au niveau des muqueuses.
La transmission mère-enfant constitue un risque majeur pour le fœtus (mort in utero), ou gravissime chez le nouveau-né. C'est pourquoi le dépistage de la syphilis est obligatoire chez la femme enceinte.
Les symptômes cliniques peuvent être très variés, ce qui peut rendre le diagnostic difficile. L'incubation dure 21 jours en moyenne (de 10 à 90 jours).
La syphilis comporte plusieurs stades :
- Primaire qui dure 6 à 8 semaines. Un chancre et une adénopathie peuvent apparaître sans pour autant être visibles. Le chancre peut apparaître 20 jours en moyenne (10 à 100 jours) après le contact, au point d’inoculation (d’où les formes extra-sexuelles). Il s'agit d'une ulcération indolore, superficielle et bien limitée, d'un diamètre de 5 à 15mm. Il évolue pendant une quinzaine de jours, puis disparaît. Le chancre grouille littéralement de tréponèmes, d’où sa grande contagiosité.
- Secondaire qui survient environ de 6 à 16 semaines après la contamination et dure en moyenne 1 à 2 ans. Le tableau clinique est très variable, les lésions pouvant revêtir toutes sortes d’aspects et être en nombre variable (de quelques-unes à plusieurs centaines).
La syphilis latente (ou sérologique) précoce est découverte fortuitement, au cours d’un test sérologique, sur une syphilis d’évolution inférieure à 1 an. 30 % des syphilis sont diagnostiquées à ce stade.
La syphilis tertiaire est devenue rarissime. Elle survient vers la 3ème année (de 2 à plus de 10 ans). Elle peut provoquer des lésions neurologiques, cutanées, des troubles cardio-vasculaires. Elle est connue pour les troubles psychiatriques qui ont été beaucoup décrits dans la littérature ancienne.
Le délai pour le dépistage est d'environ 5 semaines. La sérologie (par prise de sang) peut se positiver au plus tôt 7 à 10 jours après l’apparition du chancre. Avant 7 à 10 jours, le diagnostic peut être posé grâce à l’examen direct en cas de lésion.
Le dépistage se fait en 2 étapes :
- Tests tréponémiques (TT), en général TPHA (Treponema pallidum Hemagglutination Assay). Détectent des anticorps dirigés contre des antigènes du tréponème qui persistent même après disparition du tréponème. Ils restent le plus souvent positifs après traitement et se positivent entre 1 semaine et 10 jours après le début du chancre. Si le résultat est négatif, le dépistage s’arrête là. S'il est positif, on passe à l’étape 2,
- Tests non tréponémiques (TNT) soit VDRL (Veneral Disease Research Laboratory). Ils ont pour caractéristique de devenir négatifs le plus souvent après traitement. Un résultat quantitatif est utile pour faire la distinction entre une syphilis active et une cicatrice sérologique, et pour suivre l’efficacité du traitement le cas échéant. Le VDRL se négative en cas de guérison, c’est donc un bon test de surveillance.
Le suivi recommandé par la Haute Autorité de Santé (HAS) se fait selon le rythme suivant :
- En cas de syphilis précoce, contrôle à 3, 6 et 12 mois, plus fréquemment chez les patients VIH positifs et la femme enceinte sans plus de précision,
- En cas de syphilis tardive, contrôle à 6, 12 et 24 mois.
Syphilis précoce : Benzathine benzylpenicilline, un antibiotique du groupe de la pénicilline : 1 injection IM (intra-musculaire) en dose unique.
En cas d'allergie à la pénicilline, le traitement se fera pas Doxycycline® 100 mg 1cp 2x/jour pendant 14 jours au milieu des repas et au moins 1h avant de se coucher.
Syphilis tardive (plus d'un an) : le traitement reprend la Benzathine benzylpenicilline avec 1 injection IM par semaine pendant 3 semaines. En cas d'allergie et en l’absence de neurosyphilis : Doxycycline® 100 mg 1 cp 2x/jour pendant 21 jours au milieu des repas et au moins 1h avant de se coucher.
La personne est considérée comme guérie, et donc non contaminante :
- Syphilis précoce : 7 jours après l’injection par Benzathine benzylpenicilline à la fin des 14 jours de traitement par Doxycycline®. Le préservatif est toutefois recommandé pendant 7 ou 14 jours selon le traitement.
- Syphilis tardive : à la fin du traitement de 21 jours qu'il s'agisse de traitement par Benzathine benzylpenicilline ou par Doxycycline®. Le préservatif est donc recommandé pendant 21 jours.