Journée mondiale : le Sida à la croisée des chemins

Le 1er décembre, Journée mondiale de lutte contre le Sida est, chaque année, l’occasion de faire le point sur les chiffres concernant l’épidémie. Alors où en est-on ?

Une menace de santé publique qui pourrait prendre fin d'ici 2030 ?

Les leaders mondiaux se sont engagés à mettre fin au sida comme menace de santé publique d’ici 2030. Bien que l’éradication du sida soit à sa portée, l’humanité peine à se donner les moyens d'y parvenir. Dans son rapport du 22 juillet 2024, l’ONUSIDA indique que, selon le cap qui sera choisi par les leaders mondiaux, les mesures politiques prises concernant les ressources nécessaires à la lutte contre le VIH et la protection des droits humains, ces objectifs seront atteints d’ici à 2030 ou ne le seront pas.

La lutte contre le Sida est "à la croisée des chemins" comme le titre l'ONUSIDA dans son rapport.

Les chiffres dans le monde en 2023

En 2023, 39,9 millions de personnes vivaient avec le VIH dans le monde, dont 38,6 millions d’adultes et 1,4 million d’enfants entre 0 et 14 ans. Environ 5,4 millions de personnes ne savaient pas qu’elles étaient infectées par le VIH. On estime que 1,3 million de personnes ont été infectées en 2023 dont 44 % sont des femmes et des filles. En Afrique Subsaharienne, les femmes et les filles représentent 62 % des nouvelles contaminations.

Les nouvelles infections au VIH ont diminué de 60 % depuis le pic de 1995.

77 % d’adultes et 57 % d’enfants infectés sont sous traitement anti VIH. Les femmes adultes sont 83 % à bénéficier d’un traitement contre 72 % des hommes.

En 2023, on compte 630 000 décès liés au sida contre 2,1 millions en 2004 et 1,3 million en 2010, avec au total 42,3 millions de décès depuis le début de l’épidémie.

Les chiffres en France en 2023

Environ 180 000 personnes vivent avec le VIH en France, dont plus de 10 000 ignorent leur séropositivité. En 2023, on estime à 5 473 le nombre de découvertes de nouvelles contaminations. Ce nombre a augmenté de façon assez régulière après la forte baisse observée en 2020 en période Covid 19. Sur l'ensemble de la période 2012-2023, ce nombre a diminué de 10 %.

Qui est concerné par ces nouvelles contaminations ?

Les personnes ayant découvert leur séropositivité en 2023 sont, par nombre de cas : des HsH (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes) nés en France et des femmes hétérosexuelles nées à l’étranger. Viennent ensuite les HsH nés à l’étranger, les hommes hétérosexuels nés à l’étranger, les hommes hétérosexuels nés en France, les femmes hétérosexuelles nées en France. Le nombre de cas le moins élevé concerne les personnes trans et les usagers de drogues par voie intraveineuse (UDVI). Les enfants de moins de 15 ans représentent 0,4 % et il s'agit essentiellement d'enfants nés à l'étranger.

Quel délai entre la contamination et diagnostic ?

En 2023, le diagnostic au stade précoce concerne 30% des découvertes de séropositivité, dont 50 % chez les HSH nés en France et 32% chez les HSH nés à l'étranger. La part des diagnostics tardifs au stade avancé a progressivement diminué depuis 2020, 2 350 personnes ont découvert leur séropositivité à un stade tardif de l'infection à VIH. Cette découverte tardive concernait surtout des femmes et des hommes hétérosexuels nés à l'étranger.

Un nombre de tests de dépistage en hausse

Sur la période 2021-2023, le nombre de sérologies a augmenté de 25 %. Le nombre de TROD réalisé par les associations en milieu communautaire a progressé de 16 %. En 2023, environ 51 000 TROD VIH ont ainsi été réalisés.
Enfin, environ 53 800 autotests VIH ont été vendus en 2023 par les pharmacies, incluant les ventes en ligne (nombre inférieur à ceux de 2022 ou 2021).

L’impact de «VIHTest»

L’augmentation du nombre de sérologie est à mettre au crédit de l’initiative « VIHTest», en place depuis janvier 2022, qui permet à tout le monde de se rendre dans un laboratoire de biologie afin de réaliser un test de dépistage, sans avancer d’argent et sans ordonnance. Ce dispositif, en croissance très rapide, explique à lui seul la moitié de l’augmentation globale constatée sur les tests remboursés.

En conclusion des chiffres de l'année 2023, et en cette période de Journée Mondiale de lutte contre le VIH, au niveau mondial, on assiste à une amélioration : moins de nouvelles contaminations (elles ont baissé de 39 % depuis 2010 dans le monde et de 59 % en Afrique orientale et australe), moins de décès grâce à une utilisation plus large des traitements anti VIH (1,3 million de décès en 2010 contre 630 000 en 2023), plus de personnes sous traitement (77% en 2023 contre 47% en 2010) mais les objectifs sont en deçà de ce qui était attendu. Les dirigeants et dirigeantes se sont engagés à réduire les nouvelles infections à moins de 370 000 par an d’ici 2025, mais elles étaient de 1,3 million en 2023, soit plus de trois fois supérieures à cet objectif. Par ailleurs, les progrès accomplis sont aujourd’hui menacés par la raréfaction des ressources et la multiplication des attaques à l’encontre des droits humains.

En France, l’épidémie de VIH/sida est contenue mais pas encore éradiquée. Grâce aux avancées thérapeutiques, les personnes séropositives, sous traitement, ont désormais une espérance de vie similaire aux personnes séronégatives et ne transmettent plus le VIH, même lors d’un rapport sexuel non protégé par un préservatif. Mais elles sont toujours exposées à une forte discrimination qui impacte lourdement la vie sociale, en particulier celle des femmes vivant avec le VIH nées à l'étranger.