« La relation d’aide à distance évite les mises en danger »

Double écoute à SIS Association

Anna Pic, députée de la Manche et membre du groupe d’études VIH et Sida de l’Assemblée nationale, s’est rendue dans les locaux de SIS Association à Montreuil le 18 octobre 2023. A l’issue de cette visite, elle a accepté de répondre à quelques questions sur ses impressions et sur les projets du groupe d’études.

Anna Pic, députée de la Manche

Enfant des années 1980 et adolescente des années 1990, la question du SIDA, des combats des malades et des outils mis en place à la suite d’une prise de conscience et grâce aux militantismes combatifs des associations m’étaient connus. Néanmoins je ne connaissais pas l’évolution de votre association ni les conditions plutôt précaires dans lesquelles vous exercez vos missions.

Quel est votre sentiment après avoir fait de la double-écoute ?

Cette expérience me confirme dans l’idée de la nécessité absolue de repasser par un tiers de confiance pour réassurer les appelants dans leurs connaissances. La plupart des appels relevaient plus de la confirmation que de l’information. C’est un constat que j’ai pu faire régulièrement lorsqu’on effectue de la prévention ou de l’éducation. Ce qui est su n’existe qu’à travers l’expérience et ainsi, à la suite de l’expérience, un certain nombre de personnes ressentent le besoin de se faire confirmer qu’elles ont pris les bonnes mesures, qu’elles avaient bien assimilé les informations. D’autres appels relèvent plus du besoin de soutien et de la recherche d’une orientation vers le professionnel adéquat. Mais à chaque appel, et on le ressent bien dans l’écoute attentive qui est la pratique à SIS, c’est la réponse sans aspect moralisateur et dans la recherche de la précision que s’établit la confiance.

Avoir été CPE (conseillère principale d’éducation) avant d’être députée vous permet-il de saisir comment la relation d’aide à distance effectuée par SIS peut jouer un rôle pour les collégiens, les lycéens ?

Si une grande partie des adolescents ont besoin de passer par un tiers de confiance autre que la famille proche, le tabou autour de la vie affective et sexuelle est parfois tel dans l’environnement familial qu’il est absolument impossible pour certains de s’adresser à une personne connue, même repérée comme personne de confiance. La relation d’aide à distance est alors absolument primordiale pour éviter les mises en danger qui peuvent renverser une vie. Pour certains, l’anonymat est le prérequis pour parler. Ces personnes ne pourront pas le trouver dans leur établissement scolaire, leur maison de quartier ou leur médecin de famille, ni même dans un centre de planification. Néanmoins c’est dans tous ces lieux qu’il faut faire connaître votre association car elle est, pour ces jeunes, le moyen d’éviter les conséquences des mises en danger adolescentes sans devoir subir la morale et/ou la réprobation familiale que certains n’oseront ou ne pourront pas affronter. Après mes années d’expériences de CPE, je suis et je reste convaincue que la prohibition et la morale sont absolument néfastes pour lutter contre les comportements à risques. A l’adolescence (17-23 ans), les prises de risques sont multiples et souvent combinées. Seule une bonne information, sur des bases médicales et scientifiques, ainsi que la possibilité de trouver des réponses rapides à ses inquiétudes, peuvent permettre d’être à la fois dans la prévention et dans la politique de santé publique sur ces sujets.

Comment le groupe d’études VIH et Sida auquel vous appartenez pourrait aider à renforcer les actions de SIS et plus globalement la lutte contre le VIH/Sida en France ?

L’intérêt de ce groupe est de maintenir l’actualité sur ce sujet. Dans les années 1990, l’information sur le SIDA et le VIH était très présente. Il faut reconnaître qu’avec les traitements plus performants, les associations les plus combattives comme les associations de prévention moins militantes sont moins connues de nos concitoyens. Le premier intérêt de ce groupe est donc de vous soutenir dans votre mission tant en alertant sur les difficultés matérielles et financières que vous pouvez rencontrer qu’en faisant connaître l’intérêt de votre mission pour le recul de la maladie comme de la transmission.