Parler des violences sexuelles ?

mains sur un visage de femme

Le thème des violences sexuelles est de plus en plus abordé de manière frontale par les usagers de SIS, majoritairement par des femmes.

Sur le forum, les homme sont plus nombreux et parlent très facilement de leur sexualité, notamment ceux ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes ou bien avec des travailleur-euses du sexe. Cependant ils n’évoquent pas directement les violences sexuelles dont ils ont pu faire l’objet. Ils peuvent raconter par exemple des pratiques lors de séances de massages par des professionnelles où leur consentement ne semble pas avoir été demandé expressément. Ou bien parlent de fellations qu’ils n’ont pas su refuser mais qu’ils regrettent très fortement. Parfois ils évoquent des comportements qu’ils ont eus et qui peuvent relever de l’agression sexuelle sans pour autant les identifier comme telle.

Depuis peu, les femmes intitulent leurs interventions sur le forum de manière directe et explicite. Dans son message intitulé « Après un viol », une jeune femme fait état d’angoisses liées au viol dont elle a été victime. Ces angoisses se fixent sur le VIH qui apparait ici comme une conséquence d’une effraction traumatique. De plus, l’épidémie de COVID apparait à ce moment-là en toile de fond anxiogène, ainsi que l’apparition d’IST qui peuvent sembler anodines mais viennent marquer le caractère sexuel du trauma :

« J'ai été violée le 4 octobre, il a réussi à me pénétrer quelques secondes et je crois qu'il a éjaculé, or il n'a pas mis de préservatif. J'étais tellement déboussolée que je n’ai pas pensé à aller voir un médecin immédiatement.

Quelques jours après je suis tombée malade alors j'ai pris rdv chez le docteur qui m'a fait une ordonnance pour me faire dépister. J'ai aussi dû faire un test PCR Covid car j'étais cas contact. Mais le temps d'avoir un rdv pour le test Covid a été assez long. J'ai eu un frottis et un test urinaire à faire également. Les résultats de mon frottis ont montré que j'avais une mycose alors que je n'avais aucun souci de santé avant ce viol. Le médecin m'avait donné le téléphone du CEGIDD, j'ai tenté de les joindre à plusieurs reprises, sans succès. Je n'ai personne à qui parler de tout cela. Pensez-vous qu'il y a un gros risque d'avoir contracté le VIH ? »

Une autre usagère du forum intitule son sujet « Viol ». Peu importe que la violence physique soit élevée ou pas, l’élément constitutif de l’agression réside dans le défaut de consentement. Cette femme a été accompagnée sur le forum pendant un mois, le temps pour elle d’être un peu moins angoissée par le VIH, même si elle continue à faire des cauchemars liés à cet évènement.

« Je vais faire court parce que ça me marque encore d’en parler. Je me suis faite violer le 13 août. Sous le choc, je n’ai pas pensé à prendre un TPE. Il m’a forcé à lui faire un bisou sur son truc sans préservatif. Puis il a mis un préservatif et est rentré juste au début parce que je le bloquais avec mes jambes. Après il m’a dit 'c’est fini'. Y a t-il un risque? Merci ».

Une autre femme évoque un cas malheureusement trop fréquent, celui du soi-disant dérapage vers un rapport forcé que la jeune femme identifie comme tel puisqu’elle appelle son sujet « Rapport non consenti ». Elle raconte ainsi avoir passé une soirée avec un homme, qu’elle connaissait depuis peu de temps. Au début la relation se passe bien mais l’homme devenant très insistant et elle lui fait une fellation sans préservatif qui a duré environ 1 minute, sans éjaculation. « Il a également voulu me pénétrer sans préservatif mais j'essayais de le bloquer. Il y a peut-être son gland qui est entré mais je ne suis même pas sûre. Quels sont les risques ? Je suis très angoissée de par la situation et également car j’ai peur d’avoir une maladie maintenant. »

Que ce soit sur le forum, par mail, tchat ou au téléphone, des questions bien réelles sur le VIH et les IST sont en général à l'origine de l'appel, du mail ou du message. Lorsque le climat de confiance a pu s’établir avec l’écoutant.e, les personnes peuvent dérouler le fil de ce qui s’est passé, et évoquer d'éventuelles violences sexuelles. Depuis plus de 30 ans nous savons que derrière des questions qui semblent parfois banales, peuvent se dissimuler des situations dramatiques.