Le TasP méconnu chez les migrants

TasP un couple avec femme enceinte

En 2008, dans un rapport baptisé « l’Avis Suisse », le professeur Bernard Hirschel met en avant le fait que le traitement antirétroviral peut constituer un prévention contre la transmission du VIH. Cette stratégie est dénommée TasP pour Treatment as Prevention. Ce rapport pionnier établit que les personnes séropositives sous traitement antirétroviral (ARV) ne peuvent plus transmettre le virus lors d’un rapport sexuel non protégé par un préservatif.

En 2011, l’étude HPTN 052 démontre, chez des couples sérodifférents majoritairement hétérosexuels, une réduction de la transmission du VIH de 96 % lorsque la personne séropositive est sous traitement antirétroviral.

Les études Partner 1 (2014) auprès des couples principalement hétérosexuels et sérodifférents, et Partner 2 (2018), auprès des hommes ayant des relations sexuelles entre hommes (HSH), confirment qu’avec la prise d’ARV, et en l’absence de tout autre moyen de prévention (préservatif, PrEP, TPE), le taux de transmission du VIH est égal à zéro.

VIH + Traitement efficace = 0 transmission


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Cependant les sollicitations reçues sur les dispositifs de Sida Info Service démontrent que ce moyen de prévention est encore très mal connu, particulièrement au sein des populations migrantes vivant en France. Or ces personnes représentaient en 2018, 56 % des nouvelles découvertes de séropositivité au VIH.

Dans leurs entretiens avec des écoutant-e-s de Sida Info Service, les personnes migrantes font état d’une angoisse commune persistante face au VIH, malgré l’efficacité des traitements actuels. Cette inquiétude est reliée à l’idée de l’impossibilité de projet de vie, de mariage, de parentalité. Et la non connaissance du TasP entraine des difficultés relationnelles au sein des couples dont l’un des partenaires est séropositif-ve.

Certaines personnes ne savent pas ce que signifie avoir une charge virale indétectable, y compris parmi celles sous traitement contre le VIH. Une appelante, elle-même séropositive et suivie pour le VIH, nous contacte au sujet d'une jeune femme de 30 ans qui a appris sa séropositivité il y a quelques mois en France et est suivie pour le VIH à l'hôpital... "La charge virale indétectable, ça veut dire quoi exactement ? Est-ce qu’elle peut avoir des rapports avec un homme sans préservatif ? Et si elle veut un enfant ?".

D’autres personnes confondent charge virale indétectable et sérologie du VIH négative. Un homme de 38 ans nous contacte car il est avec une compagne depuis 2 ans. Ils ont un désir d'enfant et ont tous les deux fait un test. L'appelant nous demande si malgré son indétectabilité son test sera positif car il n’arrive toujours pas à révéler sa séropositivité à sa compagne : "Si je vais faire le test quel sera le résultat ? J'ai une charge virale indétectable… C’est très difficile pour moi de lui parler".

Pour ceux et celles qui savent que, grâce au TasP, le virus ne peut plus se transmettre, cette information reste fragile et incertaine. Une femme de 40 ans séropositive depuis plus de 10 ans explique qu’avec son compagnon "nos rapports ont tous été protégés, mais depuis un mois je lui ai dit ma séropositivité et il a peur, nous n'avons plus de rapports... ma charge virale est indétectable, normalement je ne lui ai pas fait prendre de risques, non ? Il veut faire un test pour se rassurer... il veut un enfant avec moi et ne m’a pas quitté". Ici l’appelante avait besoin qu’on lui confirme la non transmissibilité du VIH puisqu’elle est indétectable.

Pour compléter ces informations, vous pouvez découvrir ou redécouvrir notre dossier spécial TasP.

La relation d’aide à distance telle que réalisée par Sida Info Service permet de prendre le temps de confirmer l’efficacité du TasP, d’expliquer le fonctionnement des ARV pour soi et pour les autres, et de s’assurer de la compréhension par les personnes concernées. Elle permet également d’encourager les personnes séropositives (sous traitement ou non) à prendre rendez-vous avec leur médecin infectiologue en étant seules ou accompagnées de leurs partenaires, selon les besoins, afin de pouvoir poser toutes les questions sur le traitement et son fonctionnement, sur l’indétectabilité, aborder les peurs et les difficultés rencontrées.
Douze ans après le « Rapport Suisse » et six ans après la première étude Partner, il semble nécessaire de communiquer cette connaissance sur le traitement VIH comme prévention auprès des populations migrantes qui s’avèrent être très touchées par l’infection à VIH. D’autant plus que cela participe également à la lutte contre la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH.

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