HPV : mobilisation vaccinale au collège

Une campagne de vaccination gratuite contre le HPV démarre ce 2 octobre pour les élèves de 5ème. Objectif : augmenter la couverture vaccinale et prévenir une infection responsable chaque année de 6000 nouveaux cas de cancers en France. Sida Info Service répond à quelques questions avec ce dossier Spécial HPV.

1) Comment la vaccination contre le HPV va-t-elle se dérouler au collège ?

A partir de cette rentrée scolaire 2023, les collégiens en classe de 5ème scolarisés dans les collèges publics et les collèges privés sous contrat volontaires, pourront se faire vacciner gratuitement contre le HPV. La vaccination ne sera pas obligatoire et sera conditionnée à l’accord des deux parents (S’il existe un seul responsable légal de l’enfant, alors une seule signature suffira).

Selon le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), toute nouvelle vaccination doit être initiée avec le vaccin Gardasil®9 pour les personnes non vaccinées antérieurement.

2) Qu’est-ce que le HPV ?

Les papillomavirus humains (HPV) sont une famille de virus qui peuvent infecter la peau et les muqueuses. Si plus de 200 types de HPV existent, seule une quarantaine sont susceptibles d’infecter les organes génitaux des hommes et des femmes. Les autres types de papillomavirus peuvent contaminer d’autres parties du corps, et sont par exemple à l’origine des verrues plantaires. Environ 70 à 80% des personnes sexuellement actives ont contracté ou risquent de contracter un papillomavirus. Il s’agit de l’infection sexuellement transmissible (IST) la plus fréquente.

3) Comment se transmet le HPV ?

Le virus HPV se transmet par contact des muqueuses ou de la peau, presque exclusivement lors des rapports sexuels, avec ou sans pénétration. Le HPV pouvant également se transmettre par les attouchements, il est essentiel d’éviter tout contact avec les condylomes.

4) Quelles sont les conséquences du HPV ?

La plupart du temps l’élimination du HPV se fait de façon spontanée : dans 70% des cas, les HPV disparaissent en 12 mois et 90% en 24 mois. Toutefois, dans près de 10% des cas, l’infection persiste et peut être responsable d’une maladie. Certaines souches, environ une douzaine peuvent causer l’apparition de cancers. Chaque année, en France, 6 400 nouveaux cas de cancers sont liés aux papillomavirus :

- 44% de ces cancers concernent le col de l’utérus,
- 24% concernent l’anus,
- 22% concernent la région oropharyngée (amygdales, luette, palais, langue, gorge).

5) Peut-on traiter l’infection à HPV ?

Il n’y a pas de traitement pour l’infection à HPV. Dans 90 % des cas environ, le système immunitaire l’élimine spontanément. La plupart des personnes ayant une infection à HPV n’ont aucun symptôme et ne sauront jamais qu’elles sont ou ont été infectées. En cas de persistance du HPV, des lésions peuvent se développer. Ces lésions nécessitent une prise en charge.

6) Une infection à HPV entraîne-t-elle systématiquement l'apparition d'un cancer ?

Dans environ 90 % des cas, l’infection à HPV disparaît spontanément dans les 2 ans. Chez certains les anomalies des cellules provoquées par le virus peuvent évoluer en lésions précancéreuses. Si les lésions précancéreuses ne sont pas traitées, elles peuvent, à leur tour, évoluer en cancer. L’évolution est lente entre l’infection à HPV, l’apparition de lésions précancéreuses, et celle d’un cancer. Les délais sont de 10 à 20 ans entre infection et cancer.

7) Peut-on se protéger du HPV ?

Le préservatif, qu’il soit interne ou externe, diminue le risque de transmission y compris pour la fellation, sans toutefois l’annuler complètement car il ne couvre pas la totalité des parties génitales. La vaccination reste le seul moyen de se protéger efficacement contre les HPV. Le vaccin est d’autant plus efficace qu’il est administré avant le début de la sexualité ou au cours de la première année de la sexualité.

8) Quelle est la couverture vaccinale actuelle du HPV ?

En France, la couverture vaccinale est faible. La vaccination est recommandée depuis 2007 chez les filles de 11 à 14 ans, et préconisée chez les garçons depuis janvier 2021. Cependant, fin 2021 seules 45,8% des filles et 6% des garçons étaient vaccinés. Ces chiffres sont loin des objectifs fixés par la Stratégie nationale de santé sexuelle et le Plan cancer soit 60% pour les adolescentes âgées de 11 à 19 ans en 2023 et 80 % à l’horizon 2030.

9) Pourquoi vacciner aussi les garçons ?

Selon une étude publiée dernièrement dans la revue The Global Lancet Health , 31 % des hommes dans le monde sont touchés par au moins un type de HPV, et plus d’un homme sur cinq (21 %) est infecté par un ou plusieurs types de HPV dont des HPV à haut risque, en mesure de provoquer un cancer. Les hommes représentent donc un « réservoir » à infection pour le HPV, pour reprendre l’expression utilisée par Nathalie Broutet, co-autrice de l’étude (Libération du 21082023 ). « Vacciner les jeunes hommes, poursuit-elle, c’est améliorer l’acceptabilité du vaccin pour les jeunes filles » tout en protégeant les uns des lésions, et les autres de cancers.

10) A l’étranger, quelle expérience de la vaccination contre le HPV ?

Dans une dizaine de pays européens comme le Royaume-Uni, l’Espagne et le Portugal, la couverture vaccinale était de plus de 75% en 2020. Et en Australie où un programme de vaccination a été lancé dès 2007 pour les filles et 2013 pour les garçons, le cancer du col de l'utérus pourrait disparaître d'ici à 2035.

Notons qu’en France, une expérimentation menée par l'ARS Grand Est afin d’augmenter la couverture vaccinale chez les adolescents de 11 à 14 ans a donné de très bons résultats. Le taux de vaccination à jour (2 doses) est passé de 9% à 27% en 2020-2021 et pour ceux ayant reçu une dose, de 14% à 31% en 2021-2022. En amont de l’opération, les professionnels de santé ont été informés et formés et les adolescents et leurs parents ont reçu une information sur la vaccination.

11) Si je ne suis plus en 5ème, qu’est-il préconisé contre le HPV ?
La vaccination est recommandée pour les filles et les garçons âgés de 9 à 14 ans (Mais prise en charge par l’Assurance Maladie uniquement à partir de 11 ans). Dans le cadre du rattrapage vaccinal, la vaccination est recommandée pour les deux sexes entre 15 et 19 ans révolus. Les médecins, pharmaciens, infirmiers, sages-femmes peuvent administrer le vaccin anti-HPV sur prescription médicale.

Pour les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH), la vaccination est recommandée jusqu’à l’âge de 26 ans. Elle est prise en charge à 65% par la Sécurité sociale et le reste par la mutuelle. Dans certains centres de dépistage (CEGIDD), elle est parfois totalement gratuite.

Sources :

- Questions/Réponses Campagne de vaccination HPV au collège

- Vaccination contre le papillomavirus humain (HPV) : la France est très en retard

- Améliorer la couverture vaccinale contre le HPV : bilan de l’expérimentation menée en Grand Est

- Vaccination : des professionnels en plus

- HPV : les hommes sont concernés eux aussi

- Couverture vaccinale contre les infections à papillomavirus humain des filles âgées de 15 à 18 ans et déterminants de vaccination, France, 2021

Info + : Une question sur les papillomavirus humain (HPV) ?

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