L’Observatoire régional de santé Île-de-France a réalisé un diagnostic sur l’état des lieux de la santé des Franciliens. Les IST et le VIH/Sida figurent en bonne place des pathologies régionales. L’occasion de rappeler l’intérêt du dépistage et de la multiplicité de l’offre actuelle de prévention.
L’Île-de-France est particulièrement touchée par la tuberculose, les infections sexuellement transmissibles, le VIH/Sida et le saturnisme infantile, constate l’ORS Île-de-France dans un diagnostic régional publié fin mars. La région concentre en effet 30 à 40% des cas de ces pathologies alors qu’elle ne représente que 18% de la population française.
IST et VIH/Sida, des infections que l’on connaît bien à Sida Info Service grâce à nos dispositifs de relation d’aide à distance. Que ce soit au téléphone, par mail ou par chat, nos écoutants reçoivent les questions des appelants ayant pris un risque et aident souvent à surmonter l’angoisse qui accompagne ce risque.
En fait une IST (syphilis, blennorragie, chlamydia...) ne pose pas de problème particulier si elle est traitée rapidement. Pour le VIH, la situation est assez différente puisqu’une personne contaminée l’est aujourd’hui à vie. Les traitements actuels parviennent à réduire et contrôler la charge virale - non d’éradiquer le virus, permettant ainsi de mener une existence comme « tout le monde » : sexualité, vie de couple, désir d’enfants sans risque de transmission du virus, vie professionnelle, etc. En 40 ans d’épidémie, les progrès thérapeutiques ont été considérables.
TPE, PrEP, TasP : un foisonnement d’outils
Guérir ou vivre du mieux possible avec des traitements, c’est bien. Eviter une infection, c’est encore mieux. Si le préservatif, interne ou externe, reste un outil incontournable de la prévention contre la plupart des IST, il est bon de rappeler que la recherche sur le VIH a permis de développer tout un panel d’outils et de proposer de nouvelles postures.
Le dépistage
Parfois des symptômes permettent de suspecter la présence d’une IST. D’autres fois non. Pour le VIH, le dépistage est le seul moyen de savoir si vous êtes ou non séropositif. Si vous ne vous protégez pas toujours lorsque vous avez des relations sexuelles, faites un contrôle au moins une fois par an, dans un CeGIDD, un laboratoire, et pour le VIH grâce aussi à un autotest ou encore par une association habilitée à faire des Tests Rapides d’Orientation Diagnostique (TROD).
Le TPE
Le TPE ou traitement post-exposition permet d’éviter une contamination par le VIH. Il faut se rendre au service des urgences d’un hôpital le plus rapidement possible, de préférence dans les 4 premières heures, au plus tard dans les 48 heures après une prise de risque. En journée, certains services spécialisés dans le VIH et certains CEGIDD peuvent aussi vous prendre en charge.
La PrEP
La PrEP ou Prophylaxie Pré-Exposition consiste à prendre un médicament de manière continue ou discontinue pour éviter d'être contaminé par le VIH. Toutes les études conduites en France et à l’étranger montrent qu’il n’y a eu aucun cas de transmission du VIH chez les personnes qui prennent correctement leur PrEP.
Le TasP
Le TasP ou Treatment as Prevention signifie qu’une personne séropositive pour le VIH qui a une charge virale indétectable depuis 6 mois sous traitement efficace et qui est observante de son traitement et du suivi médical ne transmet plus le virus.
Briser la chaîne de contamination
En termes de posture, une démarche individuelle peut aider à rompre la chaîne de contamination des IST. Il s’agit de prévenir son ou ses partenaires en cas de diagnostic d’une infection. Certes cela peut être gênant, susciter de la honte. Ce sentiment est souvent partagé comme le démontrent plusieurs témoignages réunis dans un article du Huffingtonpost publié le 8 avril dernier. A la suite des appels qu’ils reçoivent, les écoutants de Sida Info Service peuvent confirmer cette difficulté à contacter des partenaires à cause d’une gêne omniprésente.
Cette démarche est cependant tout aussi importante que le préservatif, le TPE ou encore la PrEP, pour traiter rapidement les IST ou permettre à une personne découvrant sa séropositivité au VIH de bénéficier d’une prise en charge rapide et profitable. Alors que les IST sont en augmentation, chez les jeunes notamment, ce qu’on appelle la « notification aux partenaires » devient en quelque sorte incontournable. Début mars, nous évoquions les recommandations faites sur ce sujet par la Haute Autorité de Santé qui en parle comme d’un « outil de prévention majeur ». L’enjeu de cette « notification aux partenaires » est donc capital pour mieux lutter contre le VIH et les IST. En Ile-de-France et au-delà bien sûr !